⇒Mini portrait !!!!
Le 30 août, Ericka Bareigts a remplacé la démissionnaire George Pau-Langevin. Dans l’indifférence générale, tant l’attention était concentrée alors sur le début de la longue marche d’Emmanuel Macron. Elle avait été nommée secrétaire d’Etat à l’Egalité réelle en février. Un concept qu’on ne saisit pas trop. «D’un côté, nous explique-t-elle patiemment, il y a toute la partie lutte contre les discriminations. De l’autre, il y a l’idée que nous avons tous nos singularités. Pour avoir tous les mêmes chances d’y arriver, il faut faire un travail en amont.» Elle parle du rôle de l’école, donne des exemples. Petite, elle a eu la possibilité, dans son collège, de faire de l’équitation, de comprendre que ce sport ne lui était pas interdit même si elle ne l’a jamais pratiqué depuis. La ministre dit : «Il ne faut pas s’autolimiter.»
Elle en est le meilleur exemple. Attachée principale territoriale, élue présidente de la communauté d’agglomération de Saint-Denis en 2008, député en 2012, son ascension a été rapide. Au point que dans son propre camp, elle n’est pas très connue. «Personne ne sait qui c’est, même au PS, je ne comprends pas comment elle a été aussi transparente sur l’égalité réelle», balance une secrétaire nationale. «A la Réunion, on n’a rien vu venir, commente un journaliste politique local.
Mais, c’est une bonne oratrice avec un discours simple et juste. L’avenir, ça sera elle !» Reste une étiquette dont elle doit encore se défaire. En 1994, sa mère a épousé, en secondes noces, Gilbert Annette, puissant maire de Saint-Denis, les raccourcis sont rapides. Ericka Bareigts lève les yeux au ciel : «Oh, la la ! j’ai traîné ça longtemps. Je suis rentrée au PS en 1986, avant de le connaître.» Elle évoque, avec bonheur, ses premiers souvenirs militants. «Elle a un côté croyante, fervente, dit le journaliste réunionnais. Elle a vraiment adhéré aux valeurs de ce parti.» A nous, elle donne l’impression d’être pondérée, intelligente, travailleuse mais de faire trop attention à ce qu’elle dit. Pourtant, un jour, en octobre 2015, elle est sortie des lignes. Nadine Morano avait balancé une ineptie sur «la France, pays judéo-chrétien de race blanche», Ericka Bareigts lui a répondu, à l’Assemblée nationale, sous les applaudissements, qu’elle était une députée noire de la République. «Je ne suis pas comme elle donc je ne suis pas française ? s’agace-t-elle. Alors que je suis élue, que je travaille pour l’intérêt général ? Je me suis longtemps demandé si j’avais eu raison de dire que j’étais une députée noire.
Mais pourquoi pas ? J’ai voulu dire quelque chose d’aussi franc qu’elle. Elle, elle dit « blanc », moi, je dis « noir et blanc ». Et « noir et blanc », c’est la France.»
(Extrait d’entretien de libération)