Organisme: Délégation Interministérielle pour l’Egalité des Chances des Français d’Outre-Mer
Interview de Patrick Karam : Le combattant des français d’ outre-mer !!!
Comment avez vous été nommé Délégué interministériel à l’égalité des chances des français d’outre-mer ? Est-ce le résultat d’un engagement ?
Au départ, j’ai rencontré le père Jean-François Six, avec qui je me suis investi dans l’action humanitaire, par exemple à travers des jumelages avec des écoles d’Afrique sub-saharienne. Nous habitions le même immeuble à Paris, et c’est de cette rencontre qu’est née ma vocation.
Puis en 2003, j’ai créé le collectif des Antillais, guyanais, et réunionnais, afin de lutter, notamment contre la cherté des transports entre la métropole et l’outre-mer et de promouvoir la place des français d’outre-mer dans notre société. Collectif DOM a été un aiguillon pour faire avancer cette re-conaissance.
Enfin si Nicolas Sarkozy a fait appel à moi, c’est parce que c’est lui le premier à avoir fait émerger le problème de l’Outre-mer.
En tant que délégué interministériel, comment cela se passe-t-il avec les autres ministères ?
Dans d’autres ministères, en règle générale, si le ministre est dynamique, ça va vite. Sinon, cela peut-être assez lent. Au sein d’une administration, ce manque de dynamisme peut freiner un projet si celui ne s’inscrit pas dans le champ et la psychologie de l’administration. Il faut en fait s’adapter, s’ajuster au dispositif existant.
N’y a-t-il pas un risque de doublon entre votre rôle et celui du Secrétaire d’Etat ?
Nous sommes complémentaires mais différents. Le Secrétaire d’Etat a un barrage, et moi, je colmate les brèches ou je relance. Je travaille sur l’égalité des chances, c’est très ciblé, mais dans ce domaine, je suis une force de proposition. Je n’arrête pas.
Depuis que je suis arrivé à ce poste, j’ai fait avancer un certain nombre de dossiers comme celui de l’accès facilité aux concours pour les étudiants ultramarins.
J’ai également travaillé sur l’élargissement du quota de logements sociaux gérés par les communes et les organismes HLM aux étudiants venus de l’Outre-mer.
Nous sommes également en train de mettre au point des dispositifs destinés à améliorer et à faciliter la formation des ultramarins à la préparation des concours afin d’augmenter leurs chances de réussite. Il faut que les ultramarins aient le droit d’exister au même titre que l’ensemble de nos concitoyens.
N’étiez-vous pas plus libre quand vous étiez à la tête de Collectif DOM ?
Non, car en tant que délégué ministériel, j’ai l’appui de l’Etat. Je suis dans le réseau. C’est plus pratique, et plus efficace d’avoir cet appui. La contrepartie étant de rester réservé, sans rien lâcher, bien sûr.
Pensez-vous qu’un jour, les ultramarins auront plus facilement accès à des postes ministériels ?
Oui, mais dans des ministères régaliens. Pas à des postes de secrétaire d’état à l’outre-mer, car ce serait créer un ghetto. Après, en politique comme ailleurs, tout est une question réseau. Réseau pour avoir un emploi, pour avoir un logement. Et c’est là que se situe le problème pour la population d’outre-mer. Les jeunes d’outre-mer n’ont pas le réseau que peuvent avoir leurs compatriotes de métropole. Il faut d’ailleurs souligner les grandes avancées obtenues sur le dossier du logement des étudiants ultramarins en métropole. Je tiens à saluer particulièrement l’investissement de Valérie Pécresse dans le combat sur l’égalité des chances. Et puisque nous parlons de femmes engagées, je voudrais saluer l’intérêt que porte Michèle Alliot-Marie à notre délégation et à tous les dossiers relatifs à l’outre-mer.
Quelles sont les discriminations dont peuvent souffrir les jeunes d’Outre-mer ?
Les jeunes subissent des discriminations au logement, à l’embauche ou pour obtenir un prêt auprès des banques. Pour le logement par exemple, les propriétaires refusent les cautions données par les parents résidant en outre-mer, alors que le système est le même qu’en métropole. Pensez que les étudiants ultra-marins ont moins de chance d’obtenir un logement que des étudiants étrangers lorsqu’ils arrivent en métropole. Au problème du logement vient s’ajouter le problème de la discrimination à l’embauche. Ils sont français mais sont noirs, et donc assimilés à des étrangers ou des personnes incapables de s’adapter au monde professionnel.
Même obtenir un prêt est presque impossible lorsque l’on vient de l’outre-mer et que l’on arrive en métropole. Les banques refusent la caution d’outre-mer. De mêmes, lorsqu’un ultra-marin souhaite faire un emprunt en métropole pour acheter ou faire construire en outre-mer, il se heurte systématiquement à un refus.
Pourquoi avez-vous choisi de soutenir Nicolas Sarkozy ?
Nicolas Sarkozy est un vrai président du 21ème siècle. Il a très bien compris que l’identité nationale est évolutive. Il a pris en compte l’idée selon laquelle l’identité française n’est pas figée. Elle évolue et réunit, et il faut lui donner corps dans les politiques publiques.
On dit trop souvent que les Ultra-marins sont des français entièrement à part. Mais ce sont des français à part entière. Ils sont français dans une réalité. Le président, de part ses origines, est très sensible à la question ultra-marine. Il comprend très bien que les français d’outre-mer sont reconnaissants, qu’ils veulent donner et rendre à la France ce qu’elle a pu leur apporter. Si quelqu’un aime la France, c’est bien Nicolas Sarkozy.
Propos recueillis par Jean-François Puech et François Ballarin
News Press 04/04/2008 19:00