Collectifdom : Charles Dagnet sur un siège éjectable ?
mercredi 12 décembre 2007 par Erick Boulard DOMhebdo
Charles Dagnet, l’un des co-présidents du collectif des originaires d’outre-mer serait sur le point d’être débarqué pour avoir refusé de voter une motion de soutien à Patrick Karam, l’ex-président et actuel délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français de l’outre-mer, dont le poste semble menacé. Explications.
Il y a tout juste un an, Patrick Karam démissionnait de la présidence du collectifdom pour "entrer" en campagne en faveur de Nicolas Sarkozy. Bien lui en a pris puisque dans la foulée de l’élection de son "poulain", il est nommé délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français de l’outre-mer pour services rendus. Car l’homme n’a pas ménagé sa peine et ses efforts pour amener les originaires d’outre-mer à rejoindre Nicolas Sarkozy. A ce moment, tout semble sourire au bouillant délégué interministériel. Il a enfin un poste à la mesure de ses ambitions. Il pourra joindre la parole aux actes. "Si j’échoue, je serai le seul responsable, clame-t’il. Alors pour réussir, il se démène et fait tout pour exister. Jusqu’à l’agacement. Car les vents commencent à tourner en défaveur de l’impétueux délégué. Son omnipotence, sa propension à vouloir se mêler de tout – y compris de ce qui ne fait pas partie de ses attributions et de ses prérogatives – son goût immodéré pour les sunlights et surtout son penchant à se répandre dans les médias à tort et à travers, tout cela indispose en haut-lieu. Ainsi, le secrétaire d’Etat à l’outre-mer, Christian Estrosi notamment – ami personnel du chef de l’Etat – ne cache pas que Patrick Karam l’insupporte et qu’il voudrait sa tête. La semaine dernière, de folles rumeurs ont annoncé l’éviction prochaine de Patrick Karam de son poste de délégué interministériel.
L’appel à la solidarité ultramarine.
Ce dernier qui est conscient que son poste est menacé sonne le rassemblement, actionne son réseau et cherche des soutiens parmi les associations ultramarines sur l’air de "on veut ma peau parce que je suis au service des ultramarins et que certaines de mes actions dérangent". Le collectifdom sur lequel plane encore l’ombre de son ancien président a été la première à être mise à contribution pour voter une motion de soutien en sa faveur. Lors de la réunion prévue à cet effet, Charles Dagnet l’un des co-présidents – qui souhaite s’affranchir de la tutelle trop pesante du délégué interministériel – jugeant qu’il s’agit là d’un "délit d’ingérence dans les affaires gouvernementales" s’y oppose. Mis en minorité, il est invité à démissionner, ce qu’il refuse de faire. Aujourd’hui, interrogé, il condamne ce procès en sorcellerie, se dit "serein" et se considère toujours comme co-président en exercice du collectif puisque, assure- t’il, "aucune décision valable sur le plan juridique" ne s’oppose à ce qu’il poursuive ses fonctions. En outre, Charles Dagnet se réserve le droit d’ester en justice contre certaines actions qui s’apparentent, selon lui, à des "voies de fait". Charles Dagnet dit vouloir se battre jusqu’au bout car il a de grandes ambitions pour le collectif qu’il souhaite représentatif de toutes les tendances de la société ultramarine et issu de toutes les collectivités d’outre-mer. En revanche, il refuse que l’association devienne le "bras armé" ou "l’instrument" de telle ou telle personnalité. Il n’est pas sûr qu’il puisse résister longtemps dans cette posture face à la puissance de feu des affidés de Patrick Karam. Affaire à suivre donc…
Photo : R. Moïsa